Fils de nylon et fer plaqué blanc, 365 x 1400 x 450 cm.
Notice
Soto arrive en France en 1950. Assez rapidement, il rencontre de nombreux artistes et trouve sa place dans le réseau parisien. En 1955, il participe à l’exposition fondatrice Le Mouvement organisée par la galeriste Denise René, aux côtés notamment de Bury, Calder, Duchamp et Tinguely. Dans le texte publié à l’occasion, Vasarely écrit : « A présent, nous allons vers l’abandon total de la routine (…) et vers la conquête des dimensions supérieures au plan. » Reprenant à leur compte la découverte de la quatrième dimension, c’est-à-dire l’espace-temps, et les recherches artistiques du début du siècle sur l’intégration du mouvement dans les œuvres, ces artistes proposent un art optique et cinétique qui transforme les rapports entre l’œuvre et le public.
Dès les premiers tableaux, Soto laisse entrevoir son intérêt pour le mouvement dans l’image. Au fil des séries, l’« impression » de mouvement, obtenue par des répétitions de formes et de couleurs, laisse place à de véritables effets optiques qui augmentent l’effet vibratoire et dynamique. En décalant deux plans bi-dimensionnel, puis en plaçant des tiges de métal devant des plans striés, il obtient un mouvement virtuel de l’œuvre que seul le déplacement du spectateur peut amorcer.
Puis, la distance que requiert la contemplation du tableau s’efface au profit d’une véritable expérimentation physique de l’espace en trois dimensions. Avec les « Pénétrables », Soto s’écarte définitivement du format tableau. Il réalise le premier Pénétrable en 1967, mais une œuvre de 1957, intitulée Pré-pénétrable, annonçait déjà ce tournant. Il crée alors de nombreuses versions, mettant en avant diverses sensations dont le son.
Le Pénétrable jaune de 1999 est une tentative de matérialisation de l’espace. Traversé par la lumière, il existe comme sculpture, forme dans l’espace, mais atteint son objectif artistique lorsqu’il est parcouru. Soto nous rappelle que l’espace n’est jamais vide. Il invite le spectateur à expérimenter la matière et à voir l’invisible.
G. B.