« La loi des séries ou la loi du genre : faits divers et musées »

Conférence de Nicolas Surlapierre

Dimanche 30 mars, 17h.

Vols, crimes, catastrophes, présences fantomatiques… les musées sont aussi les théâtres d’évènements marquants. Placée sous le signe de Belphégor, cette conférence propose d’analyser l’attraction étrange qui existe entre l’univers du fait divers et les musées.
Auditorium, gratuit
Durée : 1h20

De récentes recherches sur le net sur le thème musées et faits divers confirment que l’exposition qui a lieu actuellement au MAC VAL fait figure de précédent et peut-être même de référence. Le fait divers au musée ne peut se réduire à l’art contemporain et à certains de ses scandales qui relèveraient plutôt du fait de société. Pour évoquer un tel sujet, il est souvent nécessaire de remonter au vol de la Joconde survenu le 21 août 1911 et à l’accusation infondée qui impliquait Picasso et Apollinaire.
Au-delà de l’histoire du chef d’œuvre, il est aussi bon de rappeler que les vols constituent une des principales entrées pour quiconque s’intéresse aux faits divers dans leur relation aux musées. Plutôt que dresser une liste, il s’agira, à l’aune de quelques-uns de ces vols, d’établir une typologie et d’interroger leur signification symbolique. L’autre approche possible est le crime : leur énumération est également longue mais souvent, et fort heureusement, il s’agit de crimes fantasmés à l’instar de ce recueil de nouvelles Crimes au musée paru en 2017 qui réunit les grandes plumes du roman noir autour de ce sujet. La mise en abîme du musée, sous prétexte d’enquête et d’investigations policières, en font un lieu spécifique. Cela dote le fait divers d’une certaine et autre coloration et éclaire l’intuition que Thomas de Quincey avait imaginée dans De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts (1854) liant l’art, les meurtres et l’interprétation.
Parce que l’exposition Faits Divers s’est aussi construite sous le signe du mana quotidien (la force sacrée) en référence à l’ouvrage de Georges Auclair, paru en 1982, qui associait le fait divers à une des manifestations de la pensée magique, cette conférence évoquera les origines presque superstitieuses entre faits divers et musées.
C’est l’occasion de revenir au mythe du musée hanté et des forces mystérieuses qui, parfois, dépassent l’entendement. Sommes-nous encore sous le signe de Belphégor « le fantôme du Louvre », série policière de 1965 et de ses nombreux avatars, entre mangas et saison 1 ou 2 ? Que faire des pétrifiantes coïncidences ?
S’interroger sur cette part là c’est bien évidemment revenir aux croyances et aux mystères qui déterminent souvent le fait divers, seule explication de cette rupture dans la chaîne causale. Alors que le musée n’a cessé de se professionnaliser, la superstition, la légende résistent encore et assurent aux faits divers son caractère de religion faites de passions tristes et décalages parfois burlesques. Qu’apprend-on de l’art et des musées lorsque ce dernier sert de décor ou de théâtre à certains faits divers ? Le musée devient-il alors alibi ou mobile ?
Autant de questions à laquelle il serait bon d’apporter enfin quelques réponses.