Erro

Émail sigma sur toile, 300 x 132 cm.
Acquis avec la participation du Fram Île-de-France
© Adagp, Paris 2007
© photo André Morain.

Notice

Erró est un artiste voyageur : né en Islande, formé dans son pays, puis en Norvège et en Italie, il s’installe à Paris en 1958. Fasciné très jeune par le pouvoir des images, il commence à rassembler celles qui l’inspirent, les classe en plus de quatre cents thèmes dans lesquels il puise l’inspiration des centaines de collages et peintures qu’il réalise.

Culture classique et populaire s’y retrouvent : les portraits de grands hommes, l’histoire passée ou en cours, le cinéma, la bande dessinée, la télévision, l’histoire de l’art s’accumulent dans un inventaire sans hiérarchie et saturent la toile dans un tourbillon infini d’images colorées. Le Pont de l’anglois, le billard spatial représente sur une même toile deux astronautes américains dans une navette spatiale, des super-héros jouant au billard, un pont, puis un grand nombre de petits portraits, parmi lesquels dont ceux de l’Esquimau Miko, Gargamel, Gaston Lagaffe, Superdupont ou encore François Mitterrand caricaturé.

Le titre de l’œuvre et le nom de la ville d’Arles, mentionnés dans des bulles, ainsi que le motif central du pont soulignent la référence explicite au tableau de Vincent Van Gogh, Le Pont de l’anglois à Arles (avril 1888, collection particulière).

La peinture du Trecento, celle de Jérôme Bosch, l’art de la mosaïque à Ravenne, l’influence de la technique cinématographique, mêlés à une profusion d’images, chacune soignée, vivement colorée à la peinture émaillée et cernée dans une esthétique graphique, font de cette peinture contemporaine de grand format un retable pop.

L’histoire de l’art, l’actualité des enjeux stratégiques de la conquête spatiale et la culture populaire française des années 1980 constituent un instantané de la culture vivante, matière inspiratrice sans cesse renouvelée. Tout se retrouve ou pourrait se retrouver sur une toile peinte avec une générosité, une vitalité et une joie manifeste sous-tendue par la volonté de rassembler à l’infini, dans les limites matérielles de la toile.

« La peinture est le laboratoire du possible : un lieu où l’on peut expérimenter, faire du vieux avec du neuf. Je peins parce que la peinture est la forme privée de l’utopie, le plaisir de contredire, le bonheur d’être seul contre tous, la joie de provoquer » (Erró).

I.L.