The Making of Crime Scenes
DR Che-Yu Hsu

« Peur sur la ville »

Mardi 19 novembre, 10h, 14h et 16h30
Visite et projections
Entrée libre

La France a peur – la Tunisie, le Texas, Taïwan et l’Italie aussi. A l’occasion de la nouvelle édition des Écrans Documentaires, le musée et le festival s’associent lors d’une programmation en trois temps, autour d’une visite au MAC VAL et deux séances de projection au Lavoir Numérique à Gentilly. L’occasion d’une enquête sur les regards que porte le documentaire sur ces crimes sanglants – ou ces sanglantes rumeurs.

Réservation conseillée pour la visite de 10h : reservation@macval.fr
Réservation pour les projections de 14h et 16h30 : ecransdocs.accueil@gmail.com

👉 10h – Visite de « Faits divers » avec les commissaires de l’exposition Nicolas Surlapierre et Vincent Lavoie au MAC VAL.

👉 14h
« Mais que fait la police ? »
Projection au Lavoir numérique à Gentilly
4 rue de Freiberg
94250 Gentilly


Cité Raymond Queneau
Olivier Azam, Laurent Firode, 1998, 9’
Ouvroir de fait divers potentiel, ce court film interroge ce que les images font dire au réel dans une cité de banlieue.



Le Challat de Tunis
Kaouther Ben Hania, 2014, 90’
Avant La Belle et la meute, la cinéaste enquêtait déjà sur les crimes sexistes en se lançant à la poursuite d’une rumeur affirmant l’existence d’un mystérieux surineur tunisois.

👉 16h30
« Relier les points »
Projection au Lavoir numérique à Gentilly

Notes sur un fait divers
Luchino Visconti, 1951, 5’
Après l’enquête judiciaire qui ne sait désigner que les coupables, une enquête sociale et filmique qui tente d’éclairer les causes d’un crime commis en banlieue de Rome.



Sud
Chantal Akerman, 1999, 71’
Que peut le cinéma, face aux crimes raciaux perpétrés dans le old south étatsunien ?
Reconstituer et revoir les lieux, après coup.



The Making of Crime Scenes
Hsu Che-yu, 2022, 22’
Un écrivain assassiné, un mafieux devenu producteur de cinéma et des images, reconstituées en 3D, d’un crime dont il ne reste plus que le souvenir forensique.



Notes sur un programme :
Le fait divers impressionne l’image de presse, depuis l’invention du photoreportage et des journaux à grands tirage, jusqu’aux caméras de télévisions et aux écrans de smartphones. Les taches de sang font couler des rivières d’encre et de salive, occupant des temps d’antenne records où se précipitent toutes celles et ceux qui prétendent pouvoir y lire, comme jadis dans les entrailles d’animaux, l’avenir des sociétés. Il faut des images, vite, quitte à les payer trop cher et les montrer trop vite.
Le cinéma documentaire finit, lui aussi, par se rendre sur les lieux du crime. Souvent plus tard, souvent équipé différemment – ne serait-ce que de sa fameuse éthique et du temps long, puisque la priorité au direct est passée depuis longtemps. Quelle investigation mènent-ils, alors, ces documentaristes peu pressés, scrutant des terres qui ont depuis longtemps absorbé toute trace de sang ou traînées de poudre ? Telle est la question que les Écrans Documentaires et le MAC VAL ont souhaité poser le mardi 19 novembre, avec une visite de l’exposition « Faits divers - Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse » par Nicolas Surlapierre et Vincent Lavoie en matinée, suivie de deux programmes de films l’après-midi. Après avoir servi de carburant pour chaînes d’information en continu et politiques sécuritaires, que deviennent les faits divers usés, vidés de leur aura menaçante ? Oubliés les pullovers rouges, l’eau de la Vologne a coulé sous les ponts. Ils ont pourtant suffi à faire courir sur toutes les lèvres la fameuse question « Mais que fait la police ? » qui donne son titre à la première séance. Les deux films qui la composent, Cité Raymond Queneau et Le Challat de Tunis, ironisent sur les récits médiatiques et autres légendes urbaines qui manipulent la matière médiatique que deviennent les faits divers.
Relier les points désigne le geste d’autres cinéastes qui s’attachent à faire parler, après coup, des faits divers, pour en interroger le contenu historique, social et politique ; de la périphérie romaine des années 1950, où Visconti perçoit dans les sciences sociales la possibilité d’un cinéma authentiquement communiste (Notes sur un fait divers), aux usages contemporains des outils forensiques sur l’île de Taïwan par Hsu Che-yu (The Making of Crime Scenes) en passant par l’utilisation, par Chantal Akerman, de la vidéo dans un Texas où le sécessionnisme sudiste n’est pas qu’un lointain souvenir (Sud). Détachés de l’universel reportage, ces films empruntent les techniques du journalisme – caméras légères et son direct – et même de la police scientifique – reconstitution – et les invitent sur l’écran de cinéma pour arracher ces crimes au feu de l’action.

Occitane Lacurie