Peter Klasen

Acrylique sur toile, 200 x 260 cm.
Collection du MAC/VAL, Vitry-sur-Seine.
© Photo Claude Gaspari
© Adagp, Paris 2008.

Notice

Peter Klasen s’inspire du quotidien pour représenter un monde suscitant le trouble. Jeune artiste formé à Berlin, il décide de quitter son pays pour vivre à Paris en 1959. Là, il adopte un style où l’effet de réel est accentué par l’emploi de l’aérographe et de pochoirs qui apportent un rendu quasi photographique à sa peinture. Membre de la « Figuration narrative », Peter Klasen revendique une peinture moins ouvertement politique, mais plus empreinte de son vécu personnel.

Sur un fond de ciel bleu, deux panneaux de signalisation électriques rappellent l’ancienne interdiction de conduire à plus de soixante kilomètres/heure en zone urbaine. Les masses sombres des panneaux tranchent l’espace d’un ciel souplement animé du mouvement léger des nuages. On ne distingue rien autour : pas de ville, de route, ni de même de voiture.

L’univers peint de Peter Klasen semble familier. Sa source est d’ailleurs une photographie prise par l’artiste sur le boulevard circulaire de La Défense. Le grand format de la toile et la représentation des éléments à taille réelle renforcent le trompe-l’œil. L’œuvre frappe par sa simplicité. C’est une recomposition qui se voudrait objective, comme un fragment du réel, alors que l’association du ciel et des panneaux routiers, de la nature et de l’urbanité pose une énigme : pourquoi la limite et l’interdit seraient-ils apposés sur l’infini ?

La signalétique du danger et les lieux de l’enfermement traversent l’œuvre de Peter Klasen de manière récurrente, créant un univers froid et inquiétant. La vie est absente, comme mise à distance. Le code de la route, loi urbaine, propose une métaphore de l’oppression. « Rappel à l’ordre… Même le ciel a perdu son innocence. » L’aliénation perce, dans un monde mécanique et coercitif. La mort rôde, peut-on la prévenir ?

I. L.