Présentation
Rencontres, conférences, publication.
Un programme proposé par Érik Bullot.
En partenariat avec pointligneplan, et en collaboration avec les Laboratoires d’Aubervilliers, 2015.
Peut-on faire un film avec des mots ? On observe actuellement dans le champ du cinéma expérimental et de l’art contemporain de nombreuses pratiques filmiques qui tentent de remplacer le film par son simple énoncé sous la forme de conférences illustrées, de lectures ou de performances. Des fragments d’un film à venir (photographies, documents, fragments de scénario) sont présentés en guise du film lui-même. On ne peut qu’être frappé par ce tournant performatif.
Précisons tout de suite que le terme performatif emporte avec lui deux significations : l’une, proprement linguistique, selon les critères proposés par Austin, relative aux verbes performatifs qui réalisent une action par le fait de leur énonciation, à l’instar des verbes baptiser ou promettre, la seconde relevant du champ plus général de la performance artistique. On assiste aujourd’hui chez certains artistes ou cinéastes à une pratique performative du cinéma à la jointure de ces deux significations. Il est d’ailleurs difficile de totalement séparer ces deux significations : la performance, au sens artistique, emporte souvent une dimension performative, au sens linguistique.
Exposer le film à la manière d’une proposition ou d’un énoncé relève-t-il du performatif ? Exposer est-il un verbe performatif ?
Déplacé de la salle au musée, dissocié de son dispositif originel, soumis à de nouvelles configurations techniques, le film doit-il être désormais performé pour advenir ? Qu’en est-il de ce tournant performatif du cinéma ? Participe-t-il du seul courant linguistique ? Rencontre-t-il un déplacement du cinéma lui-même vers le spectacle vivant ? On peut en effet observer à travers ces différentes actions le retour du bonimenteur du cinéma des premiers temps qui commentait et racontait le film pendant la projection, le rappel des instructions données au projectionniste ou la simple continuité de certaines propositions du cinéma élargi (expanded cinema) pour échapper au cadre strict de la séance. Le recours fréquent au terme performatif devenu désormais un adjectif régulièrement associé à la conférence dans le champ de l’art contemporain est assez symptomatique. Pourquoi rencontre-t-il un tel succès ?
Tels sont quelques-uns des enjeux de ce programme de rencontres et d’événements, invitant des artistes, des cinéastes et des théoriciens en vue de cartographier ces nouvelles pratiques.
Au MAC VAL
Le Film et son Double.
Du Projectionniste.
Vendredi 20 novembre 2015, 11h-18h
Au cours des récentes métamorphoses du cinéma à l’ère du numérique, la figure du projectionniste, douée d’une relative invisibilité, semble disparaître doucement, sans crier gare. Le fait est assez troublant. L’autonomie technique grandissante des nouveaux écrans oblitère la présence du médiateur. Qu’il s’agisse de l’ordinateur ou du téléphone, notre relation aux images s’actualise sur des supports domestiques, mobiles et labiles, affranchis de toute médiation interpersonnelle. La disparition du projectionniste n’est certes pas soudaine. Elle obéit à l’évolution technique des conditions de monstration des films selon un principe d’automation progressif.
C’est un changement discret (le projectionniste se caractérisait, encore récemment, par sa réserve ou sa retenue) mais sans doute assez décisif. Sa fonction ne disparaît pas totalement, notamment dans des cadres de projection parallèles (musées, centres d’art, associations), qui supposent le recours à des supports traditionnels, mais tend à se transformer, voire à disparaître, dans les cinémas commerciaux. Que signifie sa disparition ? Sommes-nous sur le point d’oublier cette présence absente ? Notre relation aux écrans aujourd’hui convoque-t-elle son souvenir ou son fantôme ?
Ces questions seront évoquées à travers des conférences et des performances données par l’artiste lettriste Roland Sabatier, dont certaines des propositions filmiques reposent sur des instructions au projectionniste, l’artiste Peter Miller qui a investi dans ses performances la cabine de projection, le philosophe Peter Szendy et ses réflexions sur la figure du bonimenteur et l’artiste Esperanza Collado qui interroge la notion de Paracinema et explore le médium cinématographique dans des œuvres non-filmiques.
— 11h
Ouverture et présentation de la journée par Érik Bullot, cinéaste et théoricien
— 11h30
« Non-sens », performance de Roland Sabatier suivie d’une conversation avec Érik Bullot
— 14h
Performance de Peter Miller, artiste
— 15h30
« Contre-projections : le projectionniste et le bonimenteur », conférence de Peter Szendy, philosophe et musicologue
— 17h
Performance d’Esperanza Collado, artiste
Auditorium, gratuit
Inscription conseillée : reservation@macval.fr
Aux Laboratoires d’Aubervilliers
Ce programme débute et se poursuit aux Laboratoires d’Aubervilliers, entre avril et décembre 2015.
Un cycle de 5 séances doubles constituées d’une performance et d’une conférence sur les enjeux du film performatif .
Le Film et son Double.
Du film performatif.
14 avril 2015 - Érik Bullot / Silvia Maglioni et Graeme Thomson
19 mai 2015 - Uriel Orlow / Franck Leibovici
13 octobre 2015 - Thomas Clerc / Alexis Guillier
17 novembre 2015 - Simon Ripoll-Hurier / Clara Schulmann
1 décembre 2015 - Rabih Mroué / Stephen Wright
— Entrée libre sur réservation :
Mail : reservation@leslaboratoires.org
Tél : au 01 53 56 15 90
Les Laboratoires d’Aubervilliers
41, rue Lécuyer
93300 Aubervilliers
www.leslaboratoires.org