« À travers l’hospitalité, arrive l’impossible »
Jacques Derrida
« Persona grata ? » poursuit l’exposition initiale présentée d’octobre 2018 à janvier 2020, dans les deux musées, le MAC VAL et le Musée national de l’histoire de l’immigration. Parmi la centaine d’œuvres qui constitue ce nouvel accrochage, une vingtaine de nouvelles pièces sont dévoilées dont de récentes acquisitions, exposées ici pour la première fois.
« Persona grata ? » invite à s’interroger
L’hospitalité est aujourd’hui en question, voire en danger. Si la ville de demain se dessine sur les côtes, les frontières et les jungles de l’Europe d’aujourd’hui, la gratitude et l’hospitalité n’en sont pas les piliers fondateurs.
Si accueillir rime trop naturellement avec punir, alors tendre la main devient un acte de vandalisme. Tout comme l’accueil de l’autre ne peut s’envisager que parce qu’il est empêché, l’hospitalité est aujourd’hui contrariée, voire illégale.
L’invitation est pourtant le maître mot du MAC VAL depuis son origine. L’invitation aux artistes, au public, aux courants de pensée, aux mouvements sociaux, à ce qui créé le monde du moment. Et si l’hospitalité est le cœur de sa philosophie, il se trouve que l’hostilité est souvent exprimée par les œuvres de sa collection.
Dans un premier temps, avec « Persona grata » au MAC VAL et au Musée national de l’histoire de l’immigration, nous avons défendu cette notion universelle et humaniste. Aujourd’hui, nous la posons à la lumière du réel, comme un sujet contemporain à interroger.
En effet, les œuvres de la collection du MAC VAL et leur mise en espace, les relations et sens qui se tissent entre elles incarnent l’ambivalence de la notion d’hospitalité, qui ne peut aujourd’hui s’entrevoir qu’à la lumière de son contraire, l’inhospitalité. Comme des généalogistes de l’intériorité de la collection, on pourra ainsi être tour à tour pris dans un rythme saccadé et rapide d’œuvres qui se répondent, s’accordent, suivent la même pensée ou s’entrechoquent. Et se contredisent. Ainsi est le monde. Duale, contradictoire, contrariée et terriblement contrainte, l’hospitalité est aujourd’hui combattue dans notre société, comme elle est aussi un combat. Si elle implique la paix enfin retrouvée, c’est qu’au préalable il y a conflit, il y a guerre à fuir (économique, écologique, climatique…).
« Persona grata ? », un parcours en nuances
Sont énoncés, d’étape en étape, des souffrances, des soulagements, des désillusions, des espoirs, des renoncements, des élans de survie, des plaintes et des hommages, des griefs comme des gratitudes.
Si l’exposition reprend les grands thèmes de « Persona grata » : le corps - la disparition – la solitude – l’accueil – l’attente – le départ – la mobilité – l’errance - le conflit – l’urgence – la frontière – l’empêchement, elle entraine le visiteur dans une histoire de l’hospitalité, composée de contradictions, d’espoirs et d’empêchements, de paroles, de murmures, parfois de cris, qui dans leurs échos, leur chaos laissent percer la lumière. L’énergie de vie se joue aussi ici : être encouragé par la bienveillance d’un geste et affronter le chaos sans perdre pied.
Avec les œuvres de :
Pierre Ardouvin, Renaud Auguste-Dormeuil, Laëtitia Badaut Haussmann, Richard Baquié, Dominique Blais, Alina et Jeff Bliumis, David Brognon & Stéphanie Rollin, Ismaïl Bahri, Pierre Buraglio, Mircea Cantor, Kyungwoo Chun, CLAIRE FONTAINE, Claude Closky, Philippe Cognée, Delphine Coindet, Pascale Consigny, Bady Dalloul, Éléonore False, Thierry Fontaine, Grout/Mazéas, Ara Güler, Mona Hatoum, Laura Henno, Pierre Huyghe, Emily Jacir, Yeondoo Jung, Thierry Kuntzel, Léa Le Bricomte, M/M, Lahouari Mohammed Bakir, Eva Nielsen, Nøne Futbol Club, Jean-Christophe Norman, François Paire, Philippe Parreno, Bruno Perramant, Laure Prouvost, Judit Reigl, Anri Sala, Sarkis, Bruno Serralongue, Esther Shalev-Gerz, Société Réaliste, Djamel Tatah, Barthélémy Toguo, Patrick Tosani, James Webb, Sabine Weiss, Xie Lei…