Dimanche 22 novembre, table-ronde conçue en partenariat avec HEC, « Ce que fait le troc au système de l’art »
Autour du Grand Troc, édition 2015 de Nicolas Floc’h
Table-ronde modérée par Madeleine Planeix-Crocker – Mathias Fournier – Arthur Bernard élèves de la Majeure/ Master Média-Art et Création de HEC Paris -
Intervenants : Alexandre Cadain - (HEC 2015), Nicolas Floc’h - artiste, Jean-Marc Huitorel – critique d’art, Tomasz Obloj - Professeur de stratégie à HEC Paris.
Le monde de l’art est semble-t-il plus que jamais dominé par des préoccupations purement économiques. Dans ce contexte, le troc, l’amateur et l’œuvre collaborative trouvent-ils leur place ? Des formes alternatives de production et d’échange des œuvres d’art existent. Le Grand Troc, projet de l’artiste Nicolas Floc’h présenté cet automne au MAC VAL, en fait partie. Au cours d’une année de rencontres et d’ateliers, Nicolas Floc’h a invité des collégiens, des enseignants et des agents départementaux de la région parisienne à exprimer des désirs collectifs visant à questionner et transformer leurs institutions, puis à matérialiser ces désirs en fabriquant des objets en bois et matériaux recyclés. Ceux-ci ont été numérotés et co-signés par l’artiste et le groupe concerné. Les objets sont actuellement exposés au MAC VAL afin d’y être troqués. Tout visiteur souhaitant acquérir un objet en bois peut le troquer contre l’objet réel, contre ce qu’il représente.
Ce projet interroge les logiques qui gouvernent aujourd’hui le système de l’art. Les œuvres sont ici réalisées à plusieurs, avec des amateurs, et non par l’artiste seul. Elles ne sont pas, a priori, destinées à être vendues dans des galeries, des salles de ventes aux enchères ou des foires mais réunies dans un musée public pour être troquées par ses visiteurs. Comment notamment évaluer la valeur d’une œuvre d’art, si elle n’a apparemment pas de prix ? N’a-t-elle qu’une valeur symbolique ? Ne vaudrait-elle comme œuvre d’art que parce qu’elle a été signée par un artiste ? Ne reviendrait-il pas alors aux institutions publiques et notamment aux musées de garantir la valeur, le statut d’une œuvre d’art ? Ou faudrait-il que d’autres acteurs, privés entre autres, interviennent ?
Les intervenants :
Alexandre Cadain est galeriste, ancien élève de HEC (H 2015) et de l’ENS. Il a ouvert en 2008 la Galerie Alexandre Cadain. Se spécialise désormais dans l’art digital.
Nicolas Floc’h est artiste et enseignant à l’EESAB Site Rennes. Il est diplômé de la Glasgow School of Art. Il explore les pratiques artistiques en fonction des contextes qu’il investit. Ses œuvres se déclinent en de multiples formes — installation, sculpture, film, performance, scénographie… — qui se présentent comme des structures ouvertes, multifonctionnelles, modulables et consommables. Ses propositions artistiques s’inscrivent dans le champ de l’expérimentation questionnant les modes de production, de distribution et de consommation de l’art. Son travail est exposé dans des institutions en France et à l’étranger et fait partie de nombreuses collections (MAC VAL, Vitry-sur-Seine ; Frac Bretagne ; CRAC, Sète ; Matucana 100, Santiago, Chili ; SMAK, Gent, Belgique ; musée d’Art moderne, Lima, Pérou…).
Jean-Marc Huitorel est critique d’art, commissaire d’exposition indépendant et professeur. Il a écrit de nombreux articles et ouvrages à propos de l’art contemporain, notamment La Beauté du geste, L’art contemporain et le sport (éditions du Regard, 2005), Mimetic (édition du centre d’art de l’Yonnes, 2007), Art et économie (éditions le Cercle d’art, collection « Imaginaire : mode d’emploi », 2008). Il collabore régulièrement aux revus Art press, Critique d’Art.
Tomasz Obloj est professeur-assistant de stratégie à HEC Paris, où il donne le cours fondamental de stratégie. Ses recherches portent sur la théorie économique des incitations, la conception organisationnelle et l’entente individuelle. Il a publié ses travaux, entre autres, dans des revues telles que Administrative Science Quarterly, Strategic Management Journal etEntrepreneurship Theory & Practice. Il est lauréat du prix Wiley Blackwell Outstanding Dissertation Award.
Les modérateurs :
Madeleine Planeix-Crocker – Mathias Fournier – Arthur Bernard // Elèves Majeure/Master Médias –Art et Création
" Le Grand Troc", édition 2015
du 13 octobre au 22 novembre
Le Grand Troc est un projet artistique de Nicolas Floc’h, né d’une commande artistique initiée dans le cadre de l’action Nouveaux Commanditaires au Chili. « Cette action soutenue par la Fondation de France permet à des citoyens confrontés à des enjeux de société ou de développement d’un territoire, d’associer des artistes contemporains à leurs préoccupations par le biais d’une commande ».
Après deux éditions, en 2008 à Santiago au Chili (mise en œuvre par le centre d’art Matucana 100 et Anastasia Makridou-Bretonneau), et en 2009 à Porto Alegre au Brésil (commande de la Biennale Mercosur), Nicolas Floc’h réalise une troisième et ultime étape du Grand Troc en Île-de-France. Porté par le MAC VAL, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne et soutenu par « In situ – artistes en résidence dans les collèges de la Seine-Saint-Denis », Le Grand Troc Édition 2015 fut produit avec les collèges Georges Politzer à Bagnolet, Jacques Offenbach à Saint Mandé, et l’EDS (Espace Départemental des Solidarités) de Vitry-sur-Seine. Sous la forme d’ateliers et de rencontres, Nicolas Floc’h a invité les participants (collégiens, enseignants et agents départementaux) à imaginer des propositions collectives pouvant répondre à leurs besoins et envies afin de modifier la vie en communauté au sein de ces lieux voués au service public. Tous ont constitué une liste de propositions anonymes dont émergent des désirs communs.
Œuvre basée sur un principe de participation et de co-réalisation, elle pointe, à différents niveaux, les relations multiples entre des groupes sociaux et des institutions publiques qui les structurent et les encadrent, mais questionne également la valeur symbolique ou économique d’une œuvre d’art. Le projet du Grand Troc est donc avant tout artistique, politique et collectif.
Mode d’emploi
La mise en forme des désirs exprimés se fait par la construction à l’échelle 1 d’objets en bois recyclé, composés de matériaux de récupération.
Chaque objet est répertorié et co-signé par Nicolas Floc’h et le groupe concerné.
L’ensemble est ensuite exposé et proposé au troc, c’est-à-dire que tout visiteur souhaitant acquérir un objet doit le troquer contre l’objet réel, remis ensuite au groupe l’ayant réalisé.
Pour procéder au troc, repérez le numéro d’inventaire de l’objet dans le catalogue mis à disposition dans le Salon ou en téléchargement sur le site Internet du musée.
Posez une option de troc sur place auprès du personnel du musée ou par e-mail à legrandtroc.macval@gmail.com.
Dans l’attente du dépôt de l’objet réel, l’option de troc est valable 1 semaine.
Au-delà de cette période, l’objet en bois est remis au troc.
Les objets en bois seront remis aux « collectionneurs » à l’issue de la présentation au MAC VAL, à partir du 23 novembre 2015.
Les trocs plus immatériels font l’objet de protocoles particuliers pouvant être décrits dans l’objet lui-même (lettre) ou dans une notice l’accompagnant (infirmière ou chef étoilé par exemple).