Dans un musée qui était encore en construction, Joël Hubaut a inauguré une des toutes premières performances du MAC VAL, accompagnée de l’esprit de contradiction incisif qui le caractérise.
Car au moment où l’invitation est formulée, l’architecture inachevée impose de ne pouvoir encore investir les murs. Pour celui qui a commencé sa carrière à la fin des années 1960, mêlant dessin, peinture, objet, en rapport au texte et à la poésie, l’acte créatif n’a d’intérêt que lorsqu’il est rebelle. Souhaitant donc accrocher, malgré tout, une image dans le vestibule, il choisit de la présenter dans un abribus, au nom d’arrêt « Vitry-Hall »... Puis, il prend l’habit que l’on se fait du cadre VRP et se met à attendre l’après-midi entier. Quoi ? Qui ? Godot pourrait-on dire si l’on connaît les références de Joël Hubaut, qui cite aussi l’attente dans la crainte permanente d’être déçu d’un Marcel Proust ou l’attente de l’amour fou d’un André Breton. C’est aussi, pour le spectateur, l’attente d’une performance qui ne vient pas. Tandis que lui-même s’inflige une position quelque peu inadaptée au contexte, notamment quand il se déchausse, un « geste gêné », afin de ne pas s’inscrire dans une facilité conformiste.